lundi 8 août 2022

Le tank et le pigeon

 


    Une photo bien étrange et symbolique de la Première Guerre Mondiale. 
    Il s'agit d'un gros plan sur la main d'un soldat anglais lâchant un pigeon voyageur... Un mélange de modernité et de technologie avec un moyen de communication qui plonge ses racines dans les siècles précédents. "Prisonnier" dans le char anglais Mark-V, le tankiste, pour communiquer avec l'extérieur, lâche le volatile par une trappe. Nouveauté technologique de cette Grande Guerre, invention anglaise, le tank ne peut alors communiquer avec l'extérieure et est contraint d'informer sa position en utilisant le pigeon voyageur, déjà utilisé au temps de la Grèce antique. 

mardi 22 février 2022

mercredi 16 février 2022

Churchill et les Sudètes

Travail sur le discours de Churchill alors dans l'opposition : la réaction de l'Homme politique à l'annonce des résultats de la Conférence de Munich. 

Un homme politique visionnaire, le choix des mots dans le discours politique

Lien vers l'activité






mardi 15 février 2022

lundi 14 février 2022

La Paluche, épisode 2 : deux soldats le 24 décembre1914

La PALUCHE : épisode 2. Les poignées de mains dans l'Histoire...

Ferme ou délicate, sincère ou fausse, la poignée de main rapproche les hommes. Elle est symbole de paix, de respect et de fraternité. 



    Point d'information touristique, Messines. Inauguration de l’œuvre en décembre 2015

    Le sculpteur anglais Andrew Edwards réalise une œuvre mesurant 2,5 mètres de haut sur 3,7 mètres de large pour représenter un épisode de la Grande Guerre peu connu jusqu'alors : la trêve de Noël 1914. Il montre deux soldats : un britannique et un allemand se serrant la main avec à leurs pieds un ballon de football. Ce moment très bref, ne concernant que quelques centaines de soldats sur certains points précis du front n'est pas un tournant ni un épisode clé relayé dans les manuels et les livres de spécialistes. L'histoire « officielle » a surtout relayé qu'après 4 mois de conflits, les armées s'enterrent, creusent des tranchées pour se lancer dans une guerre d'usure jusqu'alors inédite : la guerre de position dans des tranchées face à face. Ce sont les travaux de Marc Ferro dans son ouvrage « Frères de tranchées » ainsi que l'excellent film de Christian Carion « Joyeux Noël », tous deux sortis en 2008, qui rappellent cette belle anecdote du premier conflit mondial.

    On le sait les 5 premiers mois d'août à décembre ont été dévastateurs avec la mise en place des plans de guerre, la Marne, la course à la mer et les pertes énormes causées par le manque de préparation, les tenues des soldats français et la puissance de l'artillerie et des mitrailleuses. On se rend compte également que la guerre est partie pour durer : atteindre Paris ou Berlin en quelques mois se révèle rapidement impossible à réaliser contrairement à ce que laissait entendre la propagande. Le moral des soldats des deux côtés des tranchées à peine creusées est au plus bas : de nombreux frères d'armes sont déjà tombés, les familles sont loin avec peu de nouvelles et de courrier et la victoire facile promise et rêvé ne s'est pas réalisée. Le froid de l'hiver 1914 est glacial, notamment en cette fin décembre. Le 24 au soir, l'impact psychologique de Noël fait alors son effet. Et Noël, c’est la famille et la Paix rêvée et promise. En quelques points précis, comme dans la Somme avec la 28e division d’infanterie, la 70e division d’infanterie dans l’Artois ou encore la 5e division d’infanterie dans la région de Reims, on observe ces moments d'arrêt des combats. En Belgique aussi, du côté de Ypres, il y a une pause constatée. A l’autre bout du no man’s land, jonché des cadavres qu’on ne peut plus aller chercher sans se faire descendre, on entend des chants. Malgré la barrière de la langue car il s'agit d'allemand, on reconnaît la mélodie de « Stille Narcht » (« Douce Nuit »). Les français répondent en chantant. Les anglais aussi. Côté allemand on sort des sapins improvisés et on les pose devant la tranchée Et au bout de longues heures, les soldats des deux camps se retrouvent sur le no man’s land. On discute. On se montre des photos des épouses, des enfants... On joue aussi au football et on enterre les morts aussi. Et on regagne sa tranchée. Les différents États-majors ne peuvent pas tolérer cette situation. Les endroits de fraternisation sont activement recherchés et identifiés. Les régiments coupables sont dispersés, mutés sur d’autres zones de front.

    Cette Trêve de Noël et le match de football disputé entre les troupes britannique et allemande ont ainsi marqué l'inconscient collectif pour resurgir au moment ou le continent est en paix au début du 3eme millénaire. Une statue en bronze accueille ainsi les visiteurs à l'entrée de l'office de tourisme sur la Grand Place de Messines (Flandre occidentale), théâtre d’âpres combats lors de la bataille de Ypres. Un premier modèle a alors été réalisé en vue de le faire voyager à travers l'Europe, avant de le couler en bronze et lui attribuer une place définitive. Il a été dévoilé au public pour la première fois lors du match opposant les équipes de Stoke City et Chelsea. Fin 2014, la statue a fait une brève apparition à Messines avant d'entamer son tour d'Europe, passant notamment par le Stade de Wembley pour la Coupe d'Angleterre de football. Il a ensuite été décidé de la placer définitivement à Messines, théâtre du match de football historique entre les deux équipes rivales à la fois sur le front et sur le terrain, montrant ainsi la volonté pacifiste des peuples malgré la situation conflictuelle.

samedi 12 février 2022

Stratégie navale grecque

    Lorsqu'une flotte est inférieure en nombre, elle forme alors un cercle défensif avec les éperons d'attaque portées vers l'extérieur. 

    Les grecs emploient cette tactique nommée Kyklos contre les Perses lors de la bataille de l'Artemision. 


mardi 8 février 2022

I Want You, la force de la propagande

    "I want you" est certainement l'une des œuvres picturales majeures du XXème siècle. Image iconique, glorifiée, moquée, parodiée, détournée, réutilisée, transformée, elle montre l'importance de l'image et du slogan dans les sociétés modernes. Son impact n'est plus à démontrer : des mots simples et tout de suite compréhensibles, un personnage allégorique immédiatement identifiable et mondialement connu, un contexte de guerre... Le peuple américain pour qui cette affiche est destinée va tout de suite répondre positivement à ce slogan et s'engager massivement.


    On doit ce dessin majeur à un illustrateur américain : James Montgomery Flagg qui travaille alors pour la revue Leslie's illustrated weekly newspaper. Pour un de ses numéros, la rédaction demande à Flagg une couverture sur la préparation militaire du pays en cas de conflit. Nous sommes alors en juillet 1916 et les Etats-Unis ne sont pas encore en guerre mais l'opinion publique, les médias et la société ressentent que les tensions européennes et notamment la guerre à outrance des sous-marins allemands contre les navires marchands notamment américains vont faire basculer le conflit. Pour réaliser son Sam, Flagg s'inspire d'un dessin de l'anglais Alfred Leete. Celui-ci réalise en septembre 1914 une affiche où on voit Lord Kitchener alors secrétaire d'Etat à la guerre au Royaume-Uni pointant du doigt le passant l'invitant à rejoindre l'armée britannique. Flagg reprend cette idée, fait son autoportrait pour la tête de Sam et y ajoute la barbichette et les cheveux blancs. Le thème de la guerre envahit peu à peu les sujets de l'opinion publique, les premiers médias, les discours des politiques. Très vite, Flagg va travailler pour le gouvernement fédéral pour illustrer des campagnes d'affichage sur le volontariat et également pour les emprunts de guerre. Il reprend alors son Sam de la couverture de la revue pour son affiche la plus célèbre. Plus de 4 millions d'affiches seront imprimés pendant l'année 1917 / 1918 et elle sera réutilisée lors de l'entrée en conflit en décembre 1941 suite à Pearl Harbor. Bien placée dans les villes, à hauteur d'homme, elle pointe du doigt le passant lui rappelant ses devoirs de citoyens. Le regard fixe de l'Oncle Sam interpelle le passant.

Couverture de la revue, dessin originale de Flagg
qui va ensuite dessiner la célèbre affiche

Flagg devant son affiche qui le rendit célèbre

La source d'inspiration de Flagg. Lord Kitchener pointant du doigt le sujet de sa majesté
afin qu'il s'enrôle dans les forces britanniques. 

    Utilisable en cours pour illustrer la propagande, il est évident que l'étude de "I want You" est tout de suite perceptible et identifiable chez nos élèves. Elle permet un travail sur les couleurs, la typographie, le choix du cadrage, la contextualisation d'une oeuvre et son impact sur le court et le long terme. Il est d'abord nécessaire de contextualiser l'oeuvre : le rappel de la "neutralité" américaine, tout de suite perceptible à l'aide de cartes et d'une frise entre 1914 et 1917. On peut dès lors mentionner le trafic marchandise entre les 2 rives de l'Atlantique et le soutien implicite entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni avec des livraisons d'armes et de matériel. On évoque par exemple la tragédie du Lusitania torpillé en mai 1915 et enfin le fameux télégramme allemand Zimmermann intercepté par les anglais en janvier 1917 et demandant au Mexique de rejoindre la Triple Alliance pour attaquer le flanc sud des Etats-Unis. Dès la déclaration de guerre annoncée par le Président Wilson, l'affiche sera placardée, collée un peu partout sur le territoire américains. L'impact du visuel et la simplicité des mots va faire mouche. Il faut alors rappeler aux élèves qui n'ont pas 'histoire des médias et sources d'information en tête que tél, radio n'existent pas, que le cinéma est encore balbutiant et que les américains, savent quasiment tous lire et écrire. Ainsi, l'affichage est alors quasiment le seul moyen de communication gouvernementale. Il faut ensuite mentionner aux élèves l'inexistence du service militaire outre-Atlantique et donc l'importance du message fédérale à "faire quelque chose pour le pays en se rendant au bureau de recrutement le plus proche". A part la Guerre de Sécession, le conflit avec l'Espagne puis avec le Mexique, ainsi que les guerres indiennes il n'y a pas eu véritablement de guerre sur le sol américain. Les Etats-Unis doivent dès lors envoyer une masse de forces de projection essentiellement composé de jeunes adultes n'ayant qu'une vague connaissance du feu. Les jours sont comptés entre l'entrée officielle en guerre, l'arrivée des recrues, l'équipement et l'entrainement, la traversée de l'Atlantique et l'arrivée sur les fronts. Les élèves imaginent vien souvent que dès le lendemain de l'annonce de l'entrée en guerre, les Etats-Unis ont déjà envoyé des forces en mai 1917 ! Placé en taille réelle grâce au vidéo-projecteur qui équipe aujourd'hui nos classes, couleurs naturelles à la même hauteur qu'en 1917, on peut demander aux élèves d'interagir comme s'ils étaient citoyens américains découvrant au coin d'une rue cette affiche. On peut travailler sur les couleurs, le personnage de l'Oncle Sam en revenant aussi sur Marianne ou Britannia, des allégories nationales. On peut revenir sur les origines du nom de Uncle Sam et ses initiales U.S. Le doigt pointé du tonton américain en direction de l'élève et sa prise de conscience inconsciente qu'il doit faire quelques chose pour son pays. On peut ensuite développer le travail sur d'autres affiches de la propagande de la Première guerre mondiale mais aussi évoquer la conscription, l'engagement volontaire et les conceptions différentes d'un pays à l'autre : le poids du service national en France et l'inscription volontaire chez les anglo-saxons (au moins au début de la guerre en ce qui concerne les anglais).

    Le travail de Flagg a été repris de très nombreuses fois pendant tout le XXème siècle, preuve de l'emprise de l'oeuvre dans l'imaginaire... Qu'on en juge dans les hommages, pastiches et détournements suivants... 

Affiche soviétique de la Grande Guerre Patriotique
demandant aux camarades de rejoindre l'Armée Rouge 

Montage photographique reprenant l'affiche de Flagg pour la détourner
dans les années 1960 lors de la guerre du Vietnam. 

Couverture de la B.D. SuperDupont de Gotlib 

Une du magazine Time lors de la guerre en Irak 

Affiche parodique de fan de Star Wars

Saison 7, épisode 23 de la série animée The Simpsons.
Apu, le gérant du supermarché local est poussé à quitter la ville fictive de Springfield.
Dans son échoppe, la figure de l'Oncle Sam lui demandant de partir....
Affiche du film américain, sorti en 1981, de Y. Reitman, Stripes,
"Les Bleus" en V.F. avec Bill Murray

Publicité de 1998 pour une marque d'eau gazeuse

L'analyse de l'affiche sur le site Histoire par l'image, c'est : ici

Une autre analyse, c'est : 

Et enfin, une vidéo explicative.... 



Un instant, une photo : la rencontre Poutine / Macron

 Un instant, une photo....


    Il y a des clichés qui en disent long sur les relations diplomatiques. Plus forts que les comptes-rendus, les analyses et décryptages. En un instant, une photo, on sait tout des relations entre deux pays, les liens entre les dirigeants et les tensions qui peuvent exister ou le fossé d'incompréhension. 

    Lundi 7 février 2022, une photo toute simple montre les difficultés entre l'Union Européenne représentée par le Président de la République française pendant 6 mois Emmanuel Macron et le Président russe Vladimir Poutine. Afin de tenter une ultime conciliation dans la crise entre l'Ukraine et la Russie, le Président français se rend d'urgence à Moscou pour trouver une solution pacifique à la crise. Echanges, propositions et débats vont se faire autour de la table... 

dimanche 6 février 2022

La Paluche, Episode 1 : Staline / Ribbentrop

Notre nouvelle série en 2, 3 ou 12 épisodes ça dépend :

La PALUCHE

Elle peut être fausse, sincère, amicale, polie. 

Elle est aussi directe ou molle. Elle peut faire mal ou être flasque. Elle permet un premier contact corporel, elle conclue un échange, elle scelle des décisions. C'est un marqueur identitaire typiquement occidental mais elle est universelle et intemporel... qui ? La poignée de mains, pardi ! 

Entre hommes politiques, Présidents ou chefs d’État, entre militaires ou tout simplement anonymes, la poignée de mains balise nos échanges, scelle des destins ou entraîne des milliers de personnes à la mort. C'est un moment photographié, mis en avant. Bienvenue dans l'univers impitoyable des poignées de mains, l'échange de paluches.... Voyageons dans son histoire, ses moments clés, fil directeur de nos chapitres d'histoire, de géographie et d'EMC.

Ces terribles et pourtant véridiques histoires sont dans... LA PALUCHE

Épisode 1 : Ribbentrop / Staline, paluche faussement chaude dans salon froid

23 août 1939.

Un bureau au Kremlin, Moscou.

Cet instant est le moment de gloire de Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich nazi. L'apogée du plénipotentiaire qui vient de réaliser le coup diplomatique du siècle au nez des puissances occidentales qui pensaient que l'URSS serait fidèle à la ligne diplomatique figée depuis plus d'un siècle : les liens avec l'Europe de l'Ouest afin de contenir et d'encercler l'Allemagne et son agressivité. Mais à force de tergiverser, de louvoyer en direction de Moscou, cherchant des accords mal négociés et refusant de se compromettre avec le leader communiste, Paris et Londres constatent avec stupeur et effroi que Le Petit Père des Peuples a décidé de faire alliance avec ce qui était jusqu'au 22 août « l'ennemi irréconciliable ». Munich et l'abandon de la Tchécoslovaquie ont révélé à Staline le manque de constance des démocraties et le risque d'un possible double jeu. Avec ce micmac diplomatique qu'il signe avec son homologue soviétique Molotov, Ribbentrop est au sommet de sa gloire. Son étoile va ensuite rapidement pâlir au sein de la structure de commandement nazi. Diplomate parvenu, de descendance aristocratique, il se crée rapidement et facilement des inimitiés parmi les grands dignitaires nazis. Alcoolique notoire, son coup d'éclat à Moscou va plonger le monde dans la stupéfaction. Mais au temps des diplomates va rapidement succéder celui des généraux et l'aura du ministre va aller en déclinant. Pour Staline, cette poignée de mains est un répit. Après avoir limogé, déporté, tué l'essentiel des généraux de son état-major, il sait que l'Armée Rouge n'est pas prête si la guerre qui s'annonce prend une ampleur plus importante que prévue. Avec cet accord, il s'agit aussi d'un Yalta avant l'heure grâce aux « protocoles secrets » : le partage de l'Europe de l'Est. Pour l'Allemagne, c'est la concrétisation d'un début d'« espace vital ». Pour l'URSS, c'est le retour en son sein de territoires perdus après la Première guerre mondiale et l'installation du « corridor sanitaire ». Petits fours et faux sourires de cette réunion cachent mal les tensions entre les deux pays. Cependant, tout est mis sous le tapis en attendant un changement de stratégie. Staline pense ainsi garder sa frontière occidentale tranquille et c'est avec effroi, tapis dans son bureau de très longues heures qu'il prendra connaissance du déclenchement de l'opération Barbarossa en juin 1941.




La PALUCHE... A suivre....

samedi 5 février 2022

L'élève Bonaparte, dessin de Job

 


    Dessinateur, illustrateur, Jacques Onfroy de Bréville dit Job (ses initiales qui deviennent son pseudonyme d'artiste) est d'origine lorraine, né en 1858, mort en 1931. Il met son talent créatif, du dessin, de la peinture, son sens de u détail dans les illustrations pour livres d'enfants, des manuels scolaires, des ouvrages due vulgarisation. Son goût pour les grands hommes, les grands militaires entretient ainsi le culte de Napoléon, Murat, mais aussi Louis XI et les grands rois conquérants. Il inscrit ainsi dans l’inconscient collectif la gloire des grands hommes, le Roman national. Ses origines lorraines se ressentent dans ses grandes compositions rappelant la destinée militaire de la France lors de son Histoire. Nul doute que ce dessin du jeune Bonaparte à l'Ecole royale militaire de Brienne, loin de sa Corse natale et révisant le soir alors que l'ensemble de ses camarades de promotion s'amuse ou dort, a marqué les esprits des écoliers dans les dernières années de paix avant la Première confrontation mondiale. 

    Job montre Bonaparte attablé. Jeune adolescent, il révise tardivement dans la pénombre, assis dans la salle de classe. Il travaille, lit. Devant lui, des ouvrages et des instruments, outils de mathématiques rappellent son gout pour les calculs, inhérents à ses études en artillerie. Au fond de la classe, un carte de l'Europe ou se dessin son profil. Job a le talent de la mise en perspective évoquant dans une seule oeuvre le destin du jeune homme, sa marque dans le paysage européen et l'influence française à l'échelle du continent lors de cette épopée.

    Ce type d'illustration peut être la matrice d'une étude de l'épopée napoléonienne, même s'il ne faut pas oublier le contexte de la réalisation de cette oeuvre (le culte du héros, l'esprit de Revanche face à l'Allemagne en 1910, le souvenir du prestige de l'épopée impériale). Placer d'emblée ce dessin, l'analyser en étude de cas en ouverture du chapitre peut amener l'élève à s'interroger sur le souvenir de l'aventure guerrière du Premier Empire. Il montre également l'importance des études dans la formation de Bonaparte : l'éloignement de chez lui, le travail sur l'artillerie, alors arme nouvelle peu prisée des officiers. On connait la difficulté de Napoléon lors de ces premières années à Paris : les moqueries autour de son nom et prénom et son accent, les railleries de ses camarades et l'enfermement qu'il s'est construit, se repliant sur ses études, son goût pour les mathématiques et pour les auteurs anciens qui narrent les exploits d'Alexandre et de César. Balisant le cours de 4eme sur différents aspects de Napoléon à l'aide de tableau permet de montrer comment la mythologie Bonaparte s'est forgée dès ces débuts avec le travail effectué ensuite par David notamment et l'impact jusqu'à aujourd'hui. Travail documentaire et oeuvre de propagande se rejoignent, permettant de réfléchir ainsi sur le réel et l'imaginaire, ce qu'on cherche à montrer et la réalité des choses. Le dessin de Job ancre ainsi l'élève dans une aventure presque irréelle sur le destin d'un jeune garçon, petit noble d'une province lointaine devenu Général et conquérant, notamment grâce à l'étude et au gout du travail. Assurément, le travail de Job sur ce dessin continue encore aujourd'hui d'entretenir même chez les jeunes cette idée que le travail scolaire paie...

vendredi 4 février 2022

Le château à motte dans La Tapisserie de Bayeux


    La tapisserie de la Reine Mathilde, plus communément appelée Tapisserie de Bayeux est un chef d’œuvre médiéval réalisé entre 1070 et 1080. Elle raconte la conquête de l'Angleterre par les troupe normandes de Guillaume en 1066 et notamment le parjure de Harold à son suzerain Guillaume. Ce document exceptionnel exerce un pouvoir d'attraction et de fascination pour ceux qui la découvrent, qui reviennent à Bayeux et qui reviennent encore. C'est une œuvre monumentale, quasiment intacte malgré son extrême fragilité, frappant l'imagination et est une source documentaire pour qui s'intéresse au Moyen-Age.
    Ce document nous présente différents aspects des constructions de guerre de cette époque et plus particulièrement le château dit "à motte", ancêtre du château fort, première étape de l'incastellamento, c'est à dire "l'enchâtellement" : la mise en place d'un habitant fortifié sur des hauteurs naturels. En plaine, en l'absence d'hauteur naturelle, d'escarpement rocheux sur lequel il est possible de prendre appui, le seigneur pousse sa paysannerie, dans le cadre de corvées obligatoires à faire une montée de terres, à créer une levée artificielle sur laquelle sera construit, d'abord en bois, une tour de guet, ancêtre du donjon. Cette évolution de l'habitat guerrier prend sa source sur le pourtour méditerranéen au VIIIème - IXème siècle et va ensuite rayonner sur l'ensemble du continent, évoluant vers le concept de château fort et son apogée au XIIIème - XIVème siècle. La militarisation des comportements observée à la fin du Haut-Moyen-âge témoigne de l'influence grandissante des seigneurs cherchant à consolider leur domination locale par la mise en place d'une demeure fortifiée, protégée et si possible, dominant le terroir qu'il protège. il montre en parallèle l'effacement  du pouvoir royal incapable d'apporter des solutions face à l'insécurité grandissante, les raids vikings, etc... Le château à motte témoigne de l’émiettement des pouvoirs et la domination de ceux qui exercent le pouvoir militaire sur un terroir. 
    La tapisserie montre deux aspects de la proto-histoire de ces demeures. c'est exceptionnelle puisque ces construction en bois sur des levées de terre ont laissé peu de traces visibles. De plus, la pierre remplaçant ensuite le bois, le système de protection et de défense se complexifiant, les archéologues ont beaucoup de difficultés à se représenter les châteaux à motte, leur conception, leur infrastructure. 
    On y voit notamment la construction de ce que l'on nomme un "castrum" ou ici "ceastra", lieu fortifié bâti sur une élévation artificielle, une montée de terre installée par des paysans, terrassiers pour l'occasion, armés de pelles et autres outils visant à faire une imposante levée de terre solide. La tapisserie montre la mise en place d'un tel lieu à Hastings. On le voit très bien sur la Tapisserie.
    Le second document d'importance est l'attaque de la motte de Dînan en Bretagne. Les troupes lancent des flèches enflammées, du feu sur la tour, la palissade. A l'intérieur de la construction, d'autres chevaliers se protègent et lancent des attaques. Il y a combat, violence des deux côtés de la palissade en moi et, même si le dessin médiéval manque de profondeur et de perspective, on se bat à l'intérieur comme à l'extérieur du château avec des personnages représentés de façon plus imposante par rapport à la construction. On distingue sur cette vue l'arrivée des chevaliers à gauche, l'attaque et l'incendie au centre et à droite, la reddition du château avec la livraison des clés ensuite dans une dynamique de lecture de gauche à droite. L'ensemble se lit ainsi comme une bande dessinée. 

La construction de la motte : les terrassiers s'activent sous le contrôle du maitre. On distingue les différentes couches de terre 

Détail de la Tapisserie

Attaque du château à motte de Dinan

Description en coupe du château à motte
Reproduction dessinée du château à motte

Le château à motte de Gisors. La construction en bois à laisser la place à la pierre

La motte castrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), vue d'avion. Située en plein centre-ville, à proximité immédiate de la cathédrale que l'on devine sur la photo, la motte de Saint-Omer est aujourd'hui ceinturée par des habitations qui occupent les anciens fossés. Le château en bois a laissé la place à une construction "en dur", l'ancienne prison de la ville devenue aujourd'hui un lieu d'exposition d'Art et de résidence d'artistes...



mardi 25 janvier 2022

La prise de Jérusalem par Godefroi de Bouillon

 


        L'étude de cette enluminure du XIVeme siècle peut être une étude de cas / porte d'entrée dans le chapitre consacré aux croisades en 5eme. Il s'agit d'une image tirée du livre "Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr" (Historia rerum in partibus transmarinis gestarum) en 23 livres. Guillaume (1130 - 1186) est le premier "historien des croisades". Il rédige son ouvrage plus de plus de 50 ans après les événements narrés sur l'image mais ses sources et son vécu, dans les Etats Latins d'Orient en étant précepteur du Roi de Jérusalem Baudoin IV le Lépreux, font de Guillaume une source de premier plan ! L'oeuvre présentée ici est très certainement postérieur au texte puisque le livre de Guillaume a été maintes fois copié et recopié jusqu'au XIIIème siècle grâce au talent de Guillaume qui narre les exploits chevaleresques. Il s'agit donc ici d'une enluminure extraite d'une copie.

    Il est d'abord toujours très intéressant de montrer aux élèves l'endroit, le lieu où l'on peut voir l'œuvre, ici le manuscrit, ce qui permet à l'élève de se rendre compte de la place de l'image dans le livre, la taille du livre etc... et de montrer ainsi qu'une enluminure est liée à sa page, son complément. Il est alors nécessaire d'expliquer également ce qu'est une enluminure : une image peinte à la main censé illustrer le texte. D'une manière générale, les enluminures sont dessinées sur des parchemins qui supportent davantage l'encre, les couleurs, les composés chimiques des couleurs,... L'ensemble de cette introduction peut aussi raccrocher ce cours au travail des moines copistes lors de l'étude de l'Eglise.

La page complète avec l'enluminure permet de se rendre compte de sa place sur la page.
Désolé pour la qualité

    L'image présentée ici est une oeuvre inconsciente de propagande. Nous sommes ici dans l'épisode ultime de la Première Croisade et l'objectif premier est de légitimer l'entreprise guerrière occidentale et d’établir un parallèle entre l'action entreprise par Godefroi et ses hommes et les derniers jours du Christ avant l'Ascension. Dans les deux cas, il y a le thème de la souffrance et du don de soi dans les 2 scènes représentées mais on cherche également à montrer la réussite du projet au prix de cette souffrance : l'un monte au Paradis quand l'autre monte sur les remparts de la Ville sainte pour remporter la victoire qui ne peut être que légitime. Cette image permet implicitement à l'élève de comprendre en partie les motivations des protagonistes et l'influence de leur action sur le reste du monde occidental chrétien. Lorsque Godefroi s'empare de Jérusalem en juillet 1099, le retentissement est capital. La ville sainte est pour l'homme du Moyen-Age le centre du monde, à l'intersection de l'Asie, de l'Europe et de l'Afrique, à l'image de la Sainte Trinité chrétienne. En prenant Jérusalem, Godefroi déplace le curseur occidental à l'est du monde connu et surtout, il montre que l'Occident revient dans cette partie du monde par les armes avec la légitimité religieuse mise en parallèle sur l'enluminure. Il renoue aussi avec la part d'occidentalité de Jérusalem mise en veille depuis des siècles avec la main mise byzantine puis musulmane. Près de 10 siècles séparent les 2 événements et ce chiffre symbolique transcende également le dessin.

    Il est bien sur évident que l'artiste embellit l'événement de juillet 1099 en reprenant les thèmes traditionnels spirituels associés à l'esprit de croisade, en y mêlant ainsi les aspects religieux et militaires de façon indissociable: l'un va avec l'autre donnant ainsi naissance à l'esprit de guerre sainte dans sa conception chrétienne médiévale. La croisade est alors vue comme un acte pieux. La lecture de l'image, une des activités préférés des élèves (et de l'enseignant) visant à décrire et à expliquer ce qu'il voit (et ce qu'on ne voit pas) sur l'image permet de distinguer 2 temporalités : 

    - Au premier plan, l'action militaire pure, une scène de guerre dynamique. Godefroi est parfaitement  reconnaissable par son emplacement sur l'image à la tête de ses hommes en haut des remparts, mais également par sa taille (il est le plus grand) mais aussi par son blason (un fond jaune, une bande rouge en diagonale et trois oiseaux). Nous distinguons également les échelles permettant la prise de la ville, l'art du siège et de la poliorcétique. Les soldats - chevaliers en armes sont accompagnés d'engins militaires : tour en bois monté sur roues avec une passerelle, trébuchet.... La force est dans ces soldats qui marchent, montent, prennent la ville d'assaut.

Le Trébuchet du document

  

Un trébuchet... de cinéma. Image du film Kingdom Of Heaven, R. Scott, 2005

    - Au second plan, on distingue cette fois une scène tirée du Nouveau Testament. Il s'agit des images de la Passion : le procès de Jésus, la flagellation, le chemin de Croix et ses 12 stations, la crucifixion et les Saintes femmes. En tout 5 images pieuses des derniers jours du Christ qui se sont déroulés à Jérusalem. Autre scène religieuse de l'image : la montée au Paradis que nous trouvons à gauche, positionnée à l'extérieur de la ville et donc du champs de bataille. Les morts accèdent légitimement par leur bravoure et surtout leur sacrifice dans la gestuelle combattante et religieuse au Royaume des Cieux. Loin d'être négligeable à cause de sa situation en arrière-plan, la vision de ce Royaume des Cieux est une des clés essentiels de l'enluminure. 

Les scènes de la Passion.
Une mise en abîme : l'artiste représente ces 5 scènes emblématiques 
comme s'il s'agissait... de vitraux.

    

Le Royaume des Cieux

     L'auteur imbrique ainsi ces deux scènes qui semblent, avec la hiérarchie des lieux, s'empiler par le manque de profondeur caractéristique des œuvres de cette époque. Comme dans toutes les images de cette époque, il y a un problème dans le respect des échelles et des ordres de grandeur mais le talent de l'enlumineur est d'imbriquer la scène de la Passion dans les vitraux de l'église de Jérusalem en arrière-plan. Il s'agit très probablement de l'église du Saint-Sépulcre, bâtie là ou le Christ a été crucifié. Il y a ainsi point de convergence de l'ensemble des protagonistes vers ce seul et unique lieu au prix de la souffrance. On remarquera que les adversaires du Christ sont présents sur les images de la Passion (notamment lors de la flagellation) mais les assiégés musulmans sont absents face aux troupes de Godefroi, sublimé par l'artiste à la tête de ses hommes. 

Godefroi

    Pour compléter l'étude cette image médiéval, on peut l'associer à des textes racontant la même scène afin de montrer la diversité des points de vue : ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, les différents aspects de ces opérations militaires et les ressentis. Ce qu'on connait de la bataille est toujours source d'interprétation et il est ainsi nécessaire de confronter les points de vue qui permet de faire comprendre que pour un tel événement, le ressenti n'est pas le même. Cela permet aussi de comprendre la fragilité de la victoire occidentale (qui dit victoire dit tenir sa position) et l'esprit de revanche (Djihad) qui va s'installer dans les mentalités arabo-musulmanes. 


    Toujours pour les élèves du niveau 5eme et 2nde, le document permet aussi de montrer les éléments architecturaux d'une église que 'on étudie dans un autre chapitre. En effet, l'artiste détaille de façon admirable l'église qui symbolise la ville. Nous sommes bien sur loin de l'aspect véritable de l'édifice religieux originale dont on peut trouver facilement sur internet une image et l'élève ainsi se rend facilement compte que l''artiste n'était pas présent lors de la bataille, voir même qu'il n'a jamais été à Jérusalem. 



    Avec les élèves, les activités sont multiples autour de cette enluminure et montre qu'un fait militaire en dit bien plus sur la mentalité de l'époque, le contexte, la géopolitique et les rapports de force, mais aussi la conception de la vie après la mort, l'architecture, les rites religieux,... Porte d'entrée de cette étude de l'expansion occidentale au XIeme-XIIIème siècles, l'enluminure de la prise de Jérusalem permet ensuite de suivre les aléas des Etats chrétiens d'Orient avec quelques cartes et documents. 

dimanche 23 janvier 2022

Reportage sur l'échec de la défense européenne commune

    A l'heure ou les tensions resurgissent à l'est du continent et ou il faut repenser le partenariat militaire Europe / Etats-Unis et se positionner face au retour de l'expansionnisme russe en Europe orientale, L'Union Européenne réfléchit sur ses questions militaires et l'imbroglio concernant ses systèmes d'armement, son commandement intégré. 

    Difficile dans une Europe à 27 de trouver une cohésion devant les menaces et questionnements de cette période. Ce reportage de France 2 qui peut être une entrée en matière dans le programme de Terminale afin de faire réfléchir les élèves sur ce sujet, fait le point :

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/tensions-avec-la-russie-la-creation-dune-defenseeuropeenne-est-elle-possible_4926435.html



samedi 22 janvier 2022

"Dunkerque", C. Nolan, 2017

   


     « Dunkerque » de Christopher Nolan est l'un des événements cinématographiques de 2017. Disons le d'entrée et cela est clamé haut et fort par le réalisateur anglo-américain et par l'équipe de promotion : « ce n'est pas un film de guerre, c'est un film de survie » ! Alors, soit,... on ne perdra pas de vue ce sous-genre cinématographique en explorant « Dunkerque » car cette distinction a son importance lorsqu'on s'intéressera aux aspects militaires que l'on perçoit dans le film. Nolan aurait pu tourné ailleurs dans le monde pour représenter Dunkerque à l'instar de Spielberg qui fait des plages irlandaises nos plages normandes pour l'imposante scène du Débarquement de son soldat Rayan. Ici, Nolan choisit le lieu mémoriel par excellence. Son "Dunkerque" ne peut être tourné qu'à Dunkerque. Des actions touristiques, pédagogiques ont été entrepris sur le secteur dunkerquois afin de surfer sur la sortie du film:des circuits touristiques,une rénovation complète du musée Dynamo. Dunkerque utilise enfin pleinement son potentiel touristique "de mémoire" grâce au film. On aurait pu proposé la projection - débat de "Week-end à Zuydcoote" et du film "Dunkerque" de Leslie Norman tourné en 1958. Une expo sur le tournage du film de Nolan aurait pu être à l'honneur dans ce lieu...

   Quel image le film renvoie-t-il de notre histoire ?
   Dès les premières images, on est pris dans la tourmente de fin mai - début juin 1940. Les rues de Malo jaillissent de l'écran. On est avec l'un des héros parcourant les rues, tentant de se mettre à l'abri. On déboule ensuite sur la plage où attendent sagement les tommies (un peu trop) disciplinés. La plage est un axe majeur du film, ainsi que la digue superbement reconstituée, véritable fil entre le continent et l'Angleterre. La force de Nolan tient alors dans la maestria dans laquelle il nous prend pendant l'heure quarante de film. L'art cinématographique de l'auteur de « Inception » prend alors le dessus : la science du montage et de l'ellipse. On est en avion, sur mer dans différentes esquifs, on suit le parcours de plusieurs personnages. Flash-back, retour en arrière ou projection sur un autre terrain de guerre du dunkerquois. On suit différents soldats de base cherchant à partir de l'enfer de Dunkerque. Aucun de ces personnages n'est plus important que l'autre et chacun peut mourir en une fraction de secondes. Avec le choix d'acteurs quasi inconnus, Nolan prend ainsi le parti pris de montrer que le plus important, c'est donc la survie. Clooney ou Brad Pitt auraient été choisi pour être à l'écran pour "Dunkerque", leur survie aurait d'emblée été assurée à la fin du film. On ne peut pas faire mourir de grandes stars hollywoodiennes. Mais avec ce choix, Nolan impose toutes les possibilités au fil des minutes de son film alors qu'on perçoit en fond sonore les minutes qui s'égrènent.

Dès les premières minutes du film, on est happé par la force de la reconstitution et par l'"enfer" de Dunkerque



Le point faible du film et qui déstabilise certains spectateurs reste le fait que ce n'est pas un film historique "de guerre" à proprement parler. Rien des véritables enjeux de la bataille, le film souffre cruellement d'un manque de contextualisation des enjeux. Il faut au préalable bien connaître la bataille, la bataille de France, la Blitzkrieg et l'enjeu de Dunkerque...Difficile pour un américain qui verra le film de se faire une idée de ce qu'a pu être cette opération Dynamo et la bataille de Dunkerque. Une simple carte animée de quelques secondes au début du film aurait suffit. Quand aux troupes françaises n'en parlons pas. C'est malheureusement la grande faiblesse : une petite allusion au début et une autre dans les dernières secondes.Entre les deux, rien.... Ne cherchez pas les français, ils sont à Zuydcoote avec le soldat Julien Maillat alias Belmondo...

     Même s'il est estampillé « film de survie », ça reste donc la guerre. Une fuite éperdue de soldats ordinaires. Aucun héros, juste des gars qui veulent survivre... La force du film repose sur plusieurs points : la musique signée Hans Zimmer qui peut même être considérée comme étant le personnage principal de l’œuvre. Plus que les acteurs, la musique martèle, fait vibrer, accompagne l'action et les moments de tension, notamment sur la digue lorsque les avions allemands foudroient les troupes et les bateaux. Zimmer signe une BO métallique, froide et prenante, envoûtante et stressante, recréant parfaitement l'ambiance du film. Comme dans « Le Soldat Rayan » qui reste la référence du film de guerre, l'ennemi est invisible. Omniprésent, on ne voit pourtant aucun allemand. Pourtant, il est là et rode, sur terre, dans les airs et sous la mer... Contrairement au "mètre étalon Rayan", il n'y a chez Nolan pas de temps morts, pas de répit. On pense être sauvé dans un bateau et quelques minutes plus tard, on est sous l'eau dans une atmosphère étouffante et angoissante. Alors que Rayan multiplie les effets guerriers pour montrer l'horreur de la guerre, il n'y a par contre aucune scène gore dans « Dunkerque » : pas de corps démembré sur la plage ni de blessures sanguinolentes. On reste dans le « politiquement correct » même si la peur et l'angoisse sont tiennent le film.


Extrait de la B.O.



       Réalisateur de films de science-fiction, Nolan signe ainsi avec "Dunkerque" une entrée fracassante dans le monde des réalisateurs touche à tout comme Spielberg ou Ridley Scott. Il tient et maîtrise son film, véritable film d'auteur, loin des standards hollywoodiens. "Dunkerque" est à voir et à revoir, notamment pour son kaleidoscope impressionnant de scènes qui se chevauchent, se parlent et qui embarquent le spectateur, le bluffant en l'embarquant dans tous les aspects de cette opération Dynamo : sur terre, sur mer et ans les airs.
Le flegmatique Kenneth Branagh interprète le seul officier du film.
Plaqué sur la digue reconstituée, il incarne l'ordre, la hiérarchie anglo-saxonne.
Droit dans ses bottes, vissé sur le ponton, il est l'Angleterre personnifiée...


On peut aussi s'interroger sur quelques plans plus ou moins furtifs dans le film :
- une mer déchaînée face à la digue du Braek (qui d'ailleurs n'existait pas à l'époque) alors que le plan suivant, se déroulant au même instant, montre une bataille aérienne au-dessus d'une mer d'un plat et d'un calme olympien (un avion réussit même à amerrir).
- Les jeunes héros que l'on suit pendant le film sont constamment imberbes même si le film se déroule au minimum sur deux jours (ou trois?).
- Les dernières scènes où on survole un Dunkerque étrangement intacte à bord d'un Spitfire...

On pourra aussi remarquer (voir ci dessous) que l'affiche lorgne vers une peinture romantique très célèbre : "Le voyageur contemplant une mer de nuages" de Caspar David Friedrich