dimanche 6 février 2022

La Paluche, Episode 1 : Staline / Ribbentrop

Notre nouvelle série en 2, 3 ou 12 épisodes ça dépend :

La PALUCHE

Elle peut être fausse, sincère, amicale, polie. 

Elle est aussi directe ou molle. Elle peut faire mal ou être flasque. Elle permet un premier contact corporel, elle conclue un échange, elle scelle des décisions. C'est un marqueur identitaire typiquement occidental mais elle est universelle et intemporel... qui ? La poignée de mains, pardi ! 

Entre hommes politiques, Présidents ou chefs d’État, entre militaires ou tout simplement anonymes, la poignée de mains balise nos échanges, scelle des destins ou entraîne des milliers de personnes à la mort. C'est un moment photographié, mis en avant. Bienvenue dans l'univers impitoyable des poignées de mains, l'échange de paluches.... Voyageons dans son histoire, ses moments clés, fil directeur de nos chapitres d'histoire, de géographie et d'EMC.

Ces terribles et pourtant véridiques histoires sont dans... LA PALUCHE

Épisode 1 : Ribbentrop / Staline, paluche faussement chaude dans salon froid

23 août 1939.

Un bureau au Kremlin, Moscou.

Cet instant est le moment de gloire de Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich nazi. L'apogée du plénipotentiaire qui vient de réaliser le coup diplomatique du siècle au nez des puissances occidentales qui pensaient que l'URSS serait fidèle à la ligne diplomatique figée depuis plus d'un siècle : les liens avec l'Europe de l'Ouest afin de contenir et d'encercler l'Allemagne et son agressivité. Mais à force de tergiverser, de louvoyer en direction de Moscou, cherchant des accords mal négociés et refusant de se compromettre avec le leader communiste, Paris et Londres constatent avec stupeur et effroi que Le Petit Père des Peuples a décidé de faire alliance avec ce qui était jusqu'au 22 août « l'ennemi irréconciliable ». Munich et l'abandon de la Tchécoslovaquie ont révélé à Staline le manque de constance des démocraties et le risque d'un possible double jeu. Avec ce micmac diplomatique qu'il signe avec son homologue soviétique Molotov, Ribbentrop est au sommet de sa gloire. Son étoile va ensuite rapidement pâlir au sein de la structure de commandement nazi. Diplomate parvenu, de descendance aristocratique, il se crée rapidement et facilement des inimitiés parmi les grands dignitaires nazis. Alcoolique notoire, son coup d'éclat à Moscou va plonger le monde dans la stupéfaction. Mais au temps des diplomates va rapidement succéder celui des généraux et l'aura du ministre va aller en déclinant. Pour Staline, cette poignée de mains est un répit. Après avoir limogé, déporté, tué l'essentiel des généraux de son état-major, il sait que l'Armée Rouge n'est pas prête si la guerre qui s'annonce prend une ampleur plus importante que prévue. Avec cet accord, il s'agit aussi d'un Yalta avant l'heure grâce aux « protocoles secrets » : le partage de l'Europe de l'Est. Pour l'Allemagne, c'est la concrétisation d'un début d'« espace vital ». Pour l'URSS, c'est le retour en son sein de territoires perdus après la Première guerre mondiale et l'installation du « corridor sanitaire ». Petits fours et faux sourires de cette réunion cachent mal les tensions entre les deux pays. Cependant, tout est mis sous le tapis en attendant un changement de stratégie. Staline pense ainsi garder sa frontière occidentale tranquille et c'est avec effroi, tapis dans son bureau de très longues heures qu'il prendra connaissance du déclenchement de l'opération Barbarossa en juin 1941.




La PALUCHE... A suivre....

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