« Dunkerque » de Christopher Nolan est l'un des événements cinématographiques de 2017. Disons le d'entrée et cela est clamé haut et fort par le réalisateur anglo-américain et par l'équipe de promotion : « ce n'est pas un film de guerre, c'est un film de survie » ! Alors, soit,... on ne perdra pas de vue ce sous-genre cinématographique en explorant « Dunkerque » car cette distinction a son importance lorsqu'on s'intéressera aux aspects militaires que l'on perçoit dans le film. Nolan aurait pu tourné ailleurs dans le monde pour représenter Dunkerque à l'instar de Spielberg qui fait des plages irlandaises nos plages normandes pour l'imposante scène du Débarquement de son soldat Rayan. Ici, Nolan choisit le lieu mémoriel par excellence. Son "Dunkerque" ne peut être tourné qu'à Dunkerque. Des actions touristiques, pédagogiques ont été entrepris sur le secteur dunkerquois afin de surfer sur la sortie du film:des circuits touristiques,une rénovation complète du musée Dynamo. Dunkerque utilise enfin pleinement son potentiel touristique "de mémoire" grâce au film. On aurait pu proposé la projection - débat de "Week-end à Zuydcoote" et du film "Dunkerque" de Leslie Norman tourné en 1958. Une expo sur le tournage du film de Nolan aurait pu être à l'honneur dans ce lieu...
Quel image le film renvoie-t-il de notre histoire ?
Dès les premières images, on est pris dans la tourmente de fin mai - début juin 1940. Les rues de Malo jaillissent de l'écran. On est avec l'un des héros parcourant les rues, tentant de se mettre à l'abri. On déboule ensuite sur la plage où attendent sagement les tommies (un peu trop) disciplinés. La plage est un axe majeur du film, ainsi que la digue superbement reconstituée, véritable fil entre le continent et l'Angleterre. La force de Nolan tient alors dans la maestria dans laquelle il nous prend pendant l'heure quarante de film. L'art cinématographique de l'auteur de « Inception » prend alors le dessus : la science du montage et de l'ellipse. On est en avion, sur mer dans différentes esquifs, on suit le parcours de plusieurs personnages. Flash-back, retour en arrière ou projection sur un autre terrain de guerre du dunkerquois. On suit différents soldats de base cherchant à partir de l'enfer de Dunkerque. Aucun de ces personnages n'est plus important que l'autre et chacun peut mourir en une fraction de secondes. Avec le choix d'acteurs quasi inconnus, Nolan prend ainsi le parti pris de montrer que le plus important, c'est donc la survie. Clooney ou Brad Pitt auraient été choisi pour être à l'écran pour "Dunkerque", leur survie aurait d'emblée été assurée à la fin du film. On ne peut pas faire mourir de grandes stars hollywoodiennes. Mais avec ce choix, Nolan impose toutes les possibilités au fil des minutes de son film alors qu'on perçoit en fond sonore les minutes qui s'égrènent.
Dès les premières minutes du film, on est happé par la force de la reconstitution et par l'"enfer" de Dunkerque |
Le point faible du film et qui déstabilise certains spectateurs reste le fait que ce n'est pas un film historique "de guerre" à proprement parler. Rien des véritables enjeux de la bataille, le film souffre cruellement d'un manque de contextualisation des enjeux. Il faut au préalable bien connaître la bataille, la bataille de France, la Blitzkrieg et l'enjeu de Dunkerque...Difficile pour un américain qui verra le film de se faire une idée de ce qu'a pu être cette opération Dynamo et la bataille de Dunkerque. Une simple carte animée de quelques secondes au début du film aurait suffit. Quand aux troupes françaises n'en parlons pas. C'est malheureusement la grande faiblesse : une petite allusion au début et une autre dans les dernières secondes.Entre les deux, rien.... Ne cherchez pas les français, ils sont à Zuydcoote avec le soldat Julien Maillat alias Belmondo...
Même s'il est estampillé « film de survie », ça reste donc la guerre. Une fuite éperdue de soldats ordinaires. Aucun héros, juste des gars qui veulent survivre... La force du film repose sur plusieurs points : la musique signée Hans Zimmer qui peut même être considérée comme étant le personnage principal de l’œuvre. Plus que les acteurs, la musique martèle, fait vibrer, accompagne l'action et les moments de tension, notamment sur la digue lorsque les avions allemands foudroient les troupes et les bateaux. Zimmer signe une BO métallique, froide et prenante, envoûtante et stressante, recréant parfaitement l'ambiance du film. Comme dans « Le Soldat Rayan » qui reste la référence du film de guerre, l'ennemi est invisible. Omniprésent, on ne voit pourtant aucun allemand. Pourtant, il est là et rode, sur terre, dans les airs et sous la mer... Contrairement au "mètre étalon Rayan", il n'y a chez Nolan pas de temps morts, pas de répit. On pense être sauvé dans un bateau et quelques minutes plus tard, on est sous l'eau dans une atmosphère étouffante et angoissante. Alors que Rayan multiplie les effets guerriers pour montrer l'horreur de la guerre, il n'y a par contre aucune scène gore dans « Dunkerque » : pas de corps démembré sur la plage ni de blessures sanguinolentes. On reste dans le « politiquement correct » même si la peur et l'angoisse sont tiennent le film.
Extrait de la B.O.
Réalisateur de films de science-fiction, Nolan signe ainsi avec "Dunkerque" une entrée fracassante dans le monde des réalisateurs touche à tout comme Spielberg ou Ridley Scott. Il tient et maîtrise son film, véritable film d'auteur, loin des standards hollywoodiens. "Dunkerque" est à voir et à revoir, notamment pour son kaleidoscope impressionnant de scènes qui se chevauchent, se parlent et qui embarquent le spectateur, le bluffant en l'embarquant dans tous les aspects de cette opération Dynamo : sur terre, sur mer et ans les airs.
On peut aussi s'interroger sur quelques plans plus ou moins furtifs dans le film :
- une mer déchaînée face à la digue du Braek (qui d'ailleurs n'existait pas à l'époque) alors que le plan suivant, se déroulant au même instant, montre une bataille aérienne au-dessus d'une mer d'un plat et d'un calme olympien (un avion réussit même à amerrir).
- Les jeunes héros que l'on suit pendant le film sont constamment imberbes même si le film se déroule au minimum sur deux jours (ou trois?).
- Les dernières scènes où on survole un Dunkerque étrangement intacte à bord d'un Spitfire...
- une mer déchaînée face à la digue du Braek (qui d'ailleurs n'existait pas à l'époque) alors que le plan suivant, se déroulant au même instant, montre une bataille aérienne au-dessus d'une mer d'un plat et d'un calme olympien (un avion réussit même à amerrir).
- Les jeunes héros que l'on suit pendant le film sont constamment imberbes même si le film se déroule au minimum sur deux jours (ou trois?).
- Les dernières scènes où on survole un Dunkerque étrangement intacte à bord d'un Spitfire...
On pourra aussi remarquer (voir ci dessous) que l'affiche lorgne vers une peinture romantique très célèbre : "Le voyageur contemplant une mer de nuages" de Caspar David Friedrich
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